Interview: Marzena Sowa et Sylvain Savoia
Quand elle raconte son enfance en Pologne, il prend le crayon et la dessine. Elle, c’est Marzena Sowa, lui, c’est Sylvain Savoia. Suite à la sortie du Bruit des Villes, 4ème tome de leur série Marzi, on a eu la chance de partager une heure avec ce couple hors du commun...


la guilde
Au départ était la carpe

Comment est née la série ?
Marzena Sowa: Tout est parti de la carpe. En Pologne, traditionnellement à Noël, on mange une carpe. Elle est achetée quelques jours avant la fête et reste dans la baignoire avant de passer à table... Cette histoire, et de nombreuses autres qui ont suivies, ont beaucoup plu à Sylvain qui a voulu en faire quelque chose.

BLAM!Petite, vous teniez un carnet intime ?
BLAM!Marzena Sowa: Oui mais, je les jetais tout le temps... Les choses sont revenues naturellement, un souvenir en appel un autre.

BLAM!Ce quatrième épisode n’est-il pas plus sérieux que les autres ?
BLAM!Sylvain Savoia: On reste dans notre idée, ce qui se passe c’est que Marzi grandit, que sa perception de l’univers change. Elle est de plus en plus intégrée au monde, ce qui veut aussi dire qu’elle progresse, que ça passe par plus d'angoisses, plus de questions...

BLAM!Au départ,...
BLAM!Marzena Sowa: Au départ, on était plutôt dans la présentation de l’univers, du quotidien, c’était plus léger.
BLAM!Sylvain Savoia: Ce qu’on ne voulait pas c’était se fermer des portes, s’enfermer dans un style. On veut faire une bédé pour tout le monde de 7 à 80 ans ! Dans nos lecteurs, il y a de tout, des jeunes comme des vieux. En Pologne, la bédé est lue par des gens qui n’en lisent jamais.

BLAM!Est-ce qu’au fur et à mesure des albums, on s’éloigne de la réalité ?
BLAM!Marzena Sowa: Non, tout est vrai dans Marzi ! Bien-sûr, il y a des images qui viennent à Sylvain et qui sont ses représentations à lui mais pour le reste, tout est vrai !

BLAM!Votre enfance n’a pas toujours été très rigolote...
BLAM!Marzena Sowa: Oui et non... J’étais fille unique et même si j’avais des voisines et des amies, je ne trouvais personne pour répondre à mes questions. Ce qu’il y a aussi, c’est que je me tenais à l’écart, je n’allais pas franchement vers les autres et les questions étaient nombreuses... La Pologne d‘alors était traversée par de grandes crises, il y avait les syndicalistes de Solidarnosc et la milice, le frigo vide et les files d’attentes...Vivre cette époque, c’était déjà être dans l'Histoire et je restais, avant tout, une petite fille qui voyait et vivait les choses à son échelle, et j’essayais de les comprendre.

L’enfance polonaise

BLAM!Dans les prochains albums, on parlera encore de l’enfance ?
BLAM!Sylvain Savoia: On a décidé de faire une première partie sur l'enfance. Le cinquième tome se terminera avec la chute du communisme. Après, on a d’autres pistes, des nouvelles histoires qui tourneront toujours autour de Marzi : ses années de lycée, son arrivée en France, la confrontation avec l'occident...

BLAM!et la Pologne, qu’est-ce qu’elle pense de Marzi ?
BLAM!Sylvain Savoia: L'accueil est très positif ! On dirait que, quelque part, il y avait une attente des lecteurs, comme si les personnes avaient envie qu’on leur parle de leur Histoire ! Et puis Marzena a reçu un traitement de stars quand nous y sommes allés, elle a fait la couverture de magazines.

BLAM!Que sont devenus les amis ?
BLAM!Marzena Sowa: Un peu de tout ! Quand on rencontre des lecteurs, ils nous demandent souvent ce qu’est devenu un tel ou une telle... La petite fille qui lisait le journal avec les affaires criminelles dans le quatrième album est devenue procureur, Monica est dentiste aux USA, les choses ont beaucoup changé en Pologne !

BLAM!C’est une enfance un peu spéciale tout de même...
BLAM!Sylvain Savoia: Ça tient à plusieurs choses. Le schéma de la famille de Marzena n’est pas classique... Ici, on a peu une maman dure et un papa tendre. Ce n’est pas toujours le cas. Au niveau de la présentation, ce n’est pas une bédé très classique, c'est présenté comme un album photo, ça donne quelque chose de particuliers et comme je ne suis pas dans la narration, je peux faire plus de choses. Ce qui est aussi spécial, c'est que c’est un travail commun avec beaucoup d'affectif et donc beaucoup d'implications. Enfin, il y a un thème universel, celui de l’enfance. Il y a un lien, une émotion commune dans ses souvenirs de l'enfance... Que l’enfance soit de Pologne ou d’ailleurs !

La suite

BLAM!Est-ce que vous avez d’autres projets communs ?
BLAM!Marzena Sowa: On a envie de faire d'autres choses mais Sylvain manque toujours de temps...
BLAM!Sylvain Savoia: On a tout de même deux ou trois projets qu'on est sûr de faire ensemble !

BLAM!Dans les projets, j’ai aussi entendu parler d’une histoire avec l’île Tromelin ? Pouvez-vous nous en parler ?
BLAM!Sylvain Savoia: Oui, je pars dans quelques jours pour une cette île ! Il y a un an, j’ai lu un article sur cette île dans le Monde. Vers 1760, suite à une erreur de navigation, un navire négrier fait naufrage sur une île. À bord du bateau, il y avait 122 hommes d'équipages et des Malgaches qui devaient être vendus comme esclaves à l'Île Maurice… Pendant le naufrage, de nombreux Malgaches sont mort noyés… Ils étaient attachés en fond de cale… Seuls soixante survivront… L’île a ceci de spécial qu’elle est tout petite, 1 km carré environ, et qu’il n’y a rien, mais absolument rien dessus… Après deux mois de travail, et grâce à ce qu’on a pu récupérer, une embarcation est construite et elle repart pour Madagascar… À son bord, il n’y a que les blancs. Ils ont promis que dès leur arrivée à bon port, ils enverraient des secours. La promesse ne sera pas tenue… Il faudra attendre quinze ans après le naufrage, pour que le chevalier de Tromelin récupére les 8 esclaves survivants : 7 femmes et un enfant de huit mois qui fût baptisé Moïse…Suite à la lecture de cet article, j’ai contacté l’archéologue qui travaille à ce sujet et il m’a proposé de rejoindre la prochaine expédition !

BLAM!C’est une mine cette île
BLAM!Sylvain Savoia: L'idée c'est de raconter l'histoire des esclaves... Il y a beaucoup de thème, l'esclavage, la solitude... la mission archéologique part pour voir, par exemple, s'ils ont construit des sépultures... On va passer un mois là bas, on va plonger un peu… Ce qui m'intéresse c'est de passer du temps, ça peut être intéressant, aucune pollution moderne, pas de bruit... La nuit étoilée doit être extraordinaire… C'est une opportunité assez incroyable... Je vais me plonger dans tout ça et j'en ressortirai quelque chose d'intéressant !



Marzi par Sylvain Savoia:

Pour plus d'infos...
  La chronique de l'album "Le bruit des villes"


Interview réalisée par Gernoux, octobre 2008.


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